Collectif Afrique

Collectif Afrique
Accueil
 
 
 
 

Nord-Kivu: quand les minerais priment sur les populations

La malédiction des matières premières continue de s’abattre sur les populations du Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC). Depuis le 29 avril dernier, de violents affrontements opposant les armées régulières aux mouvements rebelles, ont repris dans les territoires de Masisi et de Rutshuru (NordKivu). Les forces armées de la RDC (FARDC) combattent les soldats en rébellion du CNDP (Congrès national du peuple), fidèles au général Bosco Ntaganda et le mouvement rebelle (M23 du colonel Sultani Makenga).

Officiellement, les pro-Ntaganda s’opposent au mandat d’arrêt porté contre leur chef. Depuis le 14 avril 2012, le Général est poursuivit par Kinshasa (RDC) et par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre (enrôlement d’enfants par la force) et crimes contre l’humanité. Le M23 souhaite, quant à lui recréer un rapport de force pour défendre les intérêts de la communauté Tutsi, victime d’agressions par les rebelles Hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), impliqué dans le génocide de 1994.

Les mandats d’arrêts pleuvent, les atteintes aux droits de l’Homme s’aggravent. Mais les motivations réelles sont tout autres. C’est le contrôle, l’accès et le commerce des principales ressources minières qui sont en jeu.

Le Nord-Kivu est, depuis les années 90, une zone de non-État, dans laquelle se jouent les intérêts économiques nationaux (Rwanda et RDC) et internationaux. Les potentialités minières de la RDC sont évaluées à plus de 24 milliards de dollars (or, diamant…) et le pays recèle 70% des réserves de coltans (minerai nécessaire dans la composition de produits de hautes technologies). L’enjeu géostratégique, et le potentiel économique de ces réserves minières impactent durablement une sortie de crise. Le tantale (métal extrait du coltan) est indispensable à l’industrie aéronautique, aérospatiale et de défense (réacteurs, missiles, satellites). Son extraction et sa transformation, nécessaires à toute utilisation industrielle n’est maitrisée que par 5 pays, dont les États-Unis et l’Allemagne. Transformé, le minerai acquiert près de 560% de valeur ajoutée.

Les multinationales européennes, américaines et chinoises se livrent une véritable guerre économique, et instrumentalisent les milices et les groupes armés (ventes d’armes, taxes payées) pour servir leurs intérêts. La guerre, l’exploitation des ressources naturelles et la corruption fournissent à ces différents groupes des excuses pour continuer les massacres et asseoir leurs influences dans la région. Les puissances composent et recomposent les alliances géostratégiques avec le pays le plus offrant, aggravant les relations déjà difficiles entre la RDC et le Rwanda.

La présence de la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo (MONUSCO) facilite et renforce sur le terrain cette nouvelle stratégie de puissance. Les populations se retrouvent sacrifiées au nom d’intérêts économiques et abandonnées par leurs gouvernements. Les rencontres diplomatiques entre Kigali (Rwanda) et Kinshasa (RDC) se multiplient, mais les négociations n’aboutissent pas à des résultats concrets et durables, chacun se renvoyant la balle. Pendant ce temps, les populations continuent de le payer dans le sang.

Marine Malberg-Gallotte, collaboratrice Afrique des Relations internationales du PCF , membre du collectif Afrique du PCF

Il y a actuellement 0 réactions

Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.

 

Nord-Kivu: quand les minerais priment sur les populations

Par Marine Malberg, le 13 juillet 2012

A voir aussi